Aujourd’hui, je vous présente mon entretien avec Evelyne
Lessard, retoucheuse photographique dans le milieu pornographique. Intrigué(e)s
sur ce qu’elle fait? Je vous propose de lire mon entrevue afin d’en apprendre davantage.
- (VV) Bonjour
Evelyne, parle-nous un peu de ton métier
-(EL) À part être photographe à mon compte (mes photos ne sont
pas à connotation pornographique soit dit en passant!), je travaille également dans
le domaine du XXX depuis 2008. Mon travail ne touche que le côté «Internet» de
la chose. Non, je n'ai jamais posé ou joué dans aucun film! (rires) Pendant plus de 3 années j’ai vu
de tout; straight, gai, bisexuel, trans, différents fétiches et pratiques etc. Tout était légal. Maintenant je
travaille dans une autre compagnie qui ne fait que du gai. Bref, je suis
retoucheuse, donc j'améliore les photos par le biais de mon bon ami Photoshop!
À trois reprises par contre, j'ai pu tourner des scènes gaies à Montréal
(photographie et filmage).
- (VV) La retouche
dans cet industrie peut elle être comparée à la modification des photos dans le
milieu de la mode?
-(EL) On
me pose souvent cette question là, à savoir si je retouche beaucoup les modèles,
si je leur lisse la peau au maximum, si j'augmente la taille de leurs seins ou
de leurs pénis. La réponse est; ça dépend des compagnies. La première pour
laquelle j'ai travaillé misait un peu plus sur la retouche, car on avait
beaucoup de modèles féminins et que l'attention était pratiquement toujours
portée sur elles. Par contre, je dirais que par propre goût, j'essayais de
faire bien attention à ne pas trop «licher» la peau. Je n'aime pas le côté fake de la chose. Certains de mes
collègues aimaient ça plus plastique, moi non. Savoir retoucher est un art, il
faut se le dire! Et en ce qui concerne le public gai, il faut savoir que c'est
beaucoup plus minimaliste. De manière générale, la grosse partie de la retouche
concerne surtout la calibration de la luminosité et de la couleur ainsi que
l'élimination des imperfections cutanées. Je n'ai donc pratiquement jamais
remodelé le corps d'un acteur ou d'une actrice porno.
-(VV) Que penses-tu du débat à l’égard
du port du condom obligatoire sur les tournages?
-(EL) Je
suis en faveur au sens que, malgré toutes les précautions, des accidents plus
ou moins dramatiques peuvent survenir (vous pouvez vous informer sur le cas
de Lara Roxx, ancienne actrice porno
québecoise atteinte du sida). Il est évident que certaines compagnies
douteuses ne doivent même pas l'exige. Pour avoir parlé à une star du porno québecoise
connue du milieu (et super sympathique en passant!), j'ai su que le taux
d'herpès était assez élevé aux États-Unis. Assez pour donner froid dans le dos!
D’un autre sens, je peux comprendre les compagnies qui sont contre, car le
fantasme lié au sexe sans condom doit être assez présent chez les gens qui
regardent de la porno. Pour avoir vu des scènes XXX de toutes sortes, je dirais
que les gais sont ceux qui intègrent le plus souvent le condom dans les scènes
de tournages.
-(VV) Selon
toi, comment se porte l’image de la femme dans l’industrie?
-(EL) En
quelques sortes, je crois que ce sera toujours un peu tabou. J'ai posé la
question à maintes reprises, à savoir ce qu'ils penseraient de leur enfant s'il
se mettait à faire du XXX. Généralement, les femmes étaient réticentes et les
hommes étaient du genre Hey, go for it, si leur enfant était un
gars et Hell no si c’était une fille.
Il y a encore le préjugé que les femmes qui en font sont des salopes qui ne
valent rien, mais que les hommes eux, peuvent le faire sans problème. Je peux
comprendre que dans ce domaine, il soit peut-être plus facile pour une femme de
se faire «manipuler» et qu’il y aura sûrement toujours un certain pourcentage
qui le seront, mais je crois aussi qu'avec les années, les femmes se libèrent
et apprennent aussi à connaitre leurs limites. Personnellement en tant que
retoucheuse, je sais que si j'ai un doute sur la nature d'une scène, je me pose
des questions; quel âge a l'acteur/actrice? La scène est-elle filmée sous la
menace ou l'abus? etc. Je peux
demander que l'on se penche sur le cas. Tant que la personne le fait par
plaisir et non pas par esclavagisme de quelque nature, je n'ai aucun problème
avec ça!
-(VV) Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail?
-(EL) J'ai déjà vu des choses assez
choquantes à regarder à quelques occasions, même si, précisons le encore, tout
est légal. Ce n’est pas toujours évident de faire le travail en contenant un
certain dégoût, mais bon, cela fait partie de la job. Faut avoir le cœur solide parfois! C’est une question de
préférences sexuelles. En ce qui concerne mes valeurs personnelles, je dirais
que s’il n'y a pas d'abus ou de pratiques extrêmes dérangeantes, je n'ai aucun
problème avec ça!
-(VV) De la
porno pour les femmes, est-ce possible? Y crois-tu?
-(EL) Au
départ, je dirais que la porno, c’est fait pour tout le monde, mais bon! Je
comprends le sens de la question! (rires)
Si on veut quelque chose de plus tendre, oui, il y en a. Pas énormément, mais
il y en a. Des scènes plus douces et artistiques qui misent davantage sur la
sensualité que sur le gros «bang bang» de la porno générale. Ce genre de scènes
est souvent introduit par l'homme qui désire que sa conquête se mette également
à consommer de la pornographie. Je ne pourrais pas parler de taux de
pourcentage de réussite, mais à dose modérée, je crois que la pornographie peut
quand même bien pimenter une vie sexuelle! ;)
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