lundi 4 mars 2013

Lumière sur le métier de retoucheuse X


Crédits photo www.proproduction.co.uk

Aujourd’hui, je vous présente mon entretien avec Evelyne Lessard, retoucheuse photographique dans le milieu pornographique. Intrigué(e)s sur ce qu’elle fait? Je vous propose de lire mon entrevue afin d’en apprendre davantage.

- (VV) Bonjour Evelyne, parle-nous un peu de ton métier 

-(EL) À part être photographe à mon compte (mes photos ne sont pas à connotation pornographique soit dit en passant!), je travaille également dans le domaine du XXX depuis 2008. Mon travail ne touche que le côté «Internet» de la chose. Non, je n'ai jamais posé ou joué dans aucun film! (rires) Pendant plus de 3 années j’ai vu de tout; straight, gai, bisexuel, trans, différents fétiches et pratiques etc. Tout était légal. Maintenant je travaille dans une autre compagnie qui ne fait que du gai. Bref, je suis retoucheuse, donc j'améliore les photos par le biais de mon bon ami Photoshop! À trois reprises par contre, j'ai pu tourner des scènes gaies à Montréal (photographie et filmage). 

- (VV) La retouche dans cet industrie peut elle être comparée à la modification des photos dans le milieu de la mode?

-(EL) On me pose souvent cette question là, à savoir si je retouche beaucoup les modèles, si je leur lisse la peau au maximum, si j'augmente la taille de leurs seins ou de leurs pénis. La réponse est; ça dépend des compagnies. La première pour laquelle j'ai travaillé misait un peu plus sur la retouche, car on avait beaucoup de modèles féminins et que l'attention était pratiquement toujours portée sur elles. Par contre, je dirais que par propre goût, j'essayais de faire bien attention à ne pas trop «licher» la peau. Je n'aime pas le côté fake de la chose. Certains de mes collègues aimaient ça plus plastique, moi non. Savoir retoucher est un art, il faut se le dire! Et en ce qui concerne le public gai, il faut savoir que c'est beaucoup plus minimaliste. De manière générale, la grosse partie de la retouche concerne surtout la calibration de la luminosité et de la couleur ainsi que l'élimination des imperfections cutanées. Je n'ai donc pratiquement jamais remodelé le corps d'un acteur ou d'une actrice porno.

-(VV) Que penses-tu du débat à l’égard du port du condom obligatoire sur les tournages?

-(EL) Je suis en faveur au sens que, malgré toutes les précautions, des accidents plus ou moins dramatiques peuvent survenir (vous pouvez vous informer sur le cas de Lara Roxx, ancienne actrice porno québecoise atteinte du sida). Il est évident que certaines compagnies douteuses ne doivent même pas l'exige. Pour avoir parlé à une star du porno québecoise connue du milieu (et super sympathique en passant!), j'ai su que le taux d'herpès était assez élevé aux États-Unis. Assez pour donner froid dans le dos! D’un autre sens, je peux comprendre les compagnies qui sont contre, car le fantasme lié au sexe sans condom doit être assez présent chez les gens qui regardent de la porno. Pour avoir vu des scènes XXX de toutes sortes, je dirais que les gais sont ceux qui intègrent le plus souvent le condom dans les scènes de tournages.

-(VV) Selon toi, comment se porte l’image de la femme dans l’industrie?

-(EL) En quelques sortes, je crois que ce sera toujours un peu tabou. J'ai posé la question à maintes reprises, à savoir ce qu'ils penseraient de leur enfant s'il se mettait à faire du XXX. Généralement, les femmes étaient réticentes et les hommes étaient du genre  Hey, go for it, si leur enfant était un gars et Hell no si c’était une fille. Il y a encore le préjugé que les femmes qui en font sont des salopes qui ne valent rien, mais que les hommes eux, peuvent le faire sans problème. Je peux comprendre que dans ce domaine, il soit peut-être plus facile pour une femme de se faire «manipuler» et qu’il y aura sûrement toujours un certain pourcentage qui le seront, mais je crois aussi qu'avec les années, les femmes se libèrent et apprennent aussi à connaitre leurs limites. Personnellement en tant que retoucheuse, je sais que si j'ai un doute sur la nature d'une scène, je me pose des questions; quel âge a l'acteur/actrice? La scène est-elle filmée sous la menace ou l'abus? etc. Je peux demander que l'on se penche sur le cas. Tant que la personne le fait par plaisir et non pas par esclavagisme de quelque nature, je n'ai aucun problème avec ça! 

-(VV) Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton travail?

-(EL) J'ai déjà vu des choses assez choquantes à regarder à quelques occasions, même si, précisons le encore, tout est légal. Ce n’est pas toujours évident de faire le travail en contenant un certain dégoût, mais bon, cela fait partie de la job. Faut avoir le cœur solide parfois! C’est une question de préférences sexuelles. En ce qui concerne mes valeurs personnelles, je dirais que s’il n'y a pas d'abus ou de pratiques extrêmes dérangeantes, je n'ai aucun problème avec ça!

-(VV) De la porno pour les femmes, est-ce possible? Y crois-tu?

-(EL) Au départ, je dirais que la porno, c’est fait pour tout le monde, mais bon! Je comprends le sens de la question! (rires) Si on veut quelque chose de plus tendre, oui, il y en a. Pas énormément, mais il y en a. Des scènes plus douces et artistiques qui misent davantage sur la sensualité que sur le gros «bang bang» de la porno générale. Ce genre de scènes est souvent introduit par l'homme qui désire que sa conquête se mette également à consommer de la pornographie. Je ne pourrais pas parler de taux de pourcentage de réussite, mais à dose modérée, je crois que la pornographie peut quand même bien pimenter une vie sexuelle! ;) 

Pour découvrir le talent de photographe d’Evelyne, voici sa page Facebook
 

@_MrsScarlett

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